Les Poux 
    Je m'y attendais. Il a fait tomber son litre du banc. Et d'un segment de quai jonché de fragments de verre ! Et d'un banc de métro inutilisable pour la journée !
    Point positif : ça l'a réveillé. Nous allons peut-être nous déplacer ? Car cette station est vraiment trop sinistre. Quelle heure est-il ? Onze heure peut-être, ou midi. Mais Michel a l'engourdissement si facile...
    Une rame s'annonce. C'est bon. Il a le temps de réunir ses deux sacs, le pochon plastique où il renferme son sac de couchage, et le rouge avec ses autres affaires. Nous entrons. Je m'installe le plus loin possible. Ce n'est pas qu'il me fasse honte — plus grand chose ne m'importe — mais j'aime tout autant me délivrer du regard des gens, regard de pitié (oh le pauvre... avoir échoué près d'une telle ordure...).
    L'ordure se trouve un strapontin. Il est allé loger son encombrant cadavre près d'un petit monsieur. Un petit monsieur avec une barbichette et un duffle-coat rouge et noir. Celui-ci ne bronche pas. Il a pourtant un long nez. Dans une telle situation, la plupart des gens se trouvent une autre place ou se mettent debout. Les plus délicats font mine d'avoir à descendre à la prochaine, où ils sautent dans une rame voisine. Mais le petit monsieur barbichu fait comme si de rien n'était — enfin, il se pousse quand même à la limite de son strapontin, pour laisser à l'encombrant cadavre l'espace nécessaire à son faisandage. Hé, le monsieur, tu as remarqué le citoyen d'à-côté ? Tu te laveras les cheveux ce soir ?
    Un humaniste, peut-être. [suite...]
Mise en ligne : mardi 15 janvier 2008, 22:41
Classé dans : Causeries  |  1994
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Voilà qui s'annonce bien 
Bah un jour je mourrai et,
wouf !
tout d'un coup tous ces problèmes seront résolus !
Mise en ligne : samedi 12 janvier 2008, 00:10
Classé dans : 2008  |  Épigrammes
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